LE MESSAGE DE MICHAËLLE JEAN ET DE JEAN-DANIEL LAFOND

Cofondateurs et coprésidents de la Fondation Michaëlle Jean

 

Cette Semaine d’actions contre le racisme est d’abord l’occasion de nous rappeler que le combat contre ce fléau social relève d’une vigilance quotidienne. Nous joignons ici nos voix à celles des Québécoises et des Québécois qui dénoncent les nombreuses déclinaisons de cette discrimination ignoble.

 

Et surtout, ne baissons pas la garde. Nous disposons de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec qui est un outil exemplaire pour contrer les injustices. Nous devons par ailleurs renforcer l’éducation civique pour repousser l’ignorance qui est à la base du racisme. En effet, la discrimination raciale relève des préjugés et n’a aucun fondement anthropologique ou biologique susceptible de la légitimer. De fait, nous naissons tous égaux et chacun de nous en société a le devoir de le savoir et de le respecter. Il y va non seulement de notre capacité de vivre ensemble, mais aussi de notre détermination à faire de la diversité des êtres et des cultures la richesse de notre avenir. 

 

Nous traversons une époque incertaine ou la terreur qui obscurcit le monde ne doit pas nous faire oublier l’espoir, le côté lumineux de la vie, et notre désir d’éradiquer la haine qui alimente le racisme et tous les intégrismes. Ce changement est possible, comme il a été possible déjà dans le passé.  Aujourd’hui au Québec, comme dans le reste du Canada, en tant que citoyennes et citoyens nous sommes tous égaux devant la loi. Ce ne fut pas toujours le cas : après l’abolition de l’esclavage le 25 mars 1807, les Noirs et les Autochtones se sont vus confinés au plus bas de l’échelle sociale, privés en fait de leurs droits les plus fondamentaux. Ce n’est qu’en 1960 que la ségrégation raciale a été déclarée illégale au Canada. 56 ans plus tard, nous ne sommes pas totalement à l’abri des séquelles et des préjugés raciaux qui peuvent refaire sporadiquement surface, dans un contexte où l’afflux des réfugiés et des migrants fait partie du quotidien de notre société.

 

Malgré cela, la majorité des Québécoises et des Québécois affirment avec force et vigueur sa volonté de bâtir une société où tous et toutes doivent pouvoir bénéficier équitablement du respect, de la dignité et des mêmes opportunités d’épanouissement. 

 

C’est d’ailleurs ce désir de changement pour une société plus humaniste que nous observons auprès des centaines de jeunes que la Fondation Michaëlle Jean soutient au Québec en particulier et dans le reste du Canada. Ces jeunes, souvent exclus, utilisent les arts pour lutter contre le racisme et les discriminations de toutes sortes  pour retrouver leur place dans la société. C’est dans cet esprit que la Fondation Michaëlle Jean, le Musée des Beaux-Arts de Montréal et l’Institut de Recherche et d’Éducation sur les Relations Raciales, s’unissent et lancent un programme d’utilisation des arts pour contrer l’exclusion et permettre une meilleure intégration des jeunes musulmans dans la société québécoise.

 

Sans liberté, sans égalité et sans fraternité, il n’y a pas d’avenir.

 

Michaëlle Jean et Jean-Daniel Lafond

Cofondateurs et coprésidents de la Fondation Michaëlle Jean